Une justice libre ?
Les juges sont en grève : on va pas s’en remettre…
On a déjà eu la grève des éboueurs, qui était insupportable. La grève des transports, qui était épuisante à cause des kilomètres à pieds. La grève des enseignants, qui a posé quelques problèmes aux parents ayant des enfants jeunes. Maintenant voici la grève des juges, on est terrorisés, notre quotidien va en être bouleversé !
Ont-ils raison de manifester ?
Habituellement les gens manifestent pour éviter le licenciement ou parce que leurs salaires sont misérables. Les juges défilent parce qu’ils se sont fait engueuler par un type qui n’est même pas leur chef ! Peut-être ont-ils raison, mais il y a quand même un décalage avec les préoccupations quotidiennes du citoyen ordinaire… Un parfum d’irréalité même, à les voir défiler en robe ornée de peaux d’hermine : voilà bien des gens étonnants.
Pour la liberté de la justice
Ce n’est un secret pour personne que dans un pays démocratique comme le notre, la justice doit rester libre par rapport au pouvoir exécutif. Mais il n’est pas sain non plus que les magistrats eux-mêmes, décident s’ils font ou non du bon travail : on ne peut être juge et parti, c’est bien le cas de le dire.
Taper sur les doigts d’un juge parce qu’il a commis une erreur, n’est sans doute pas la bonne solution. Mais le système judiciaire ne peut pas non plus continuer à s’abriter derrière la liberté de la justice, pour échapper à tous les contrôles.
Des cercles de qualité, pourquoi pas ?
Puisque la justice est censée travailler à protéger le citoyen, c’est donc au citoyen de juger de la réalité, de l’efficacité du niveau de protection dont il bénéficie. Dans une entreprise ordinaire, on organiserait des cercles de qualité, auxquels participeraient des gens de tous horizons.
Alors pourquoi ne pas faire passer les juges, à intervalles réguliers, devant une commission de notation constituée de personnes choisies au hasard dans l'éventail des professions, y compris celles n'appartenant pas au monde juridique ? L’opinion de gens ayant d’autres savoirs faire, serait un gage d'ouverture sur le monde, qui permettrait à la profession juridique de prendre conscience plus concrètement des préoccupations de leurs concitoyens.
Les juges pourraient aussi, au moins de temps à autre, partager la difficulté de leur métier avec d'autres personnes constituant le tissus laborieux de la société civile : Faut-il punir ou faire confiance ? Quelle question difficile ! Quel poids sur leurs épaules ! A priori, le meilleur juge est celui qui arrive à éviter la récidive, tout en frappant le moins fort possible. D'un point de vue statistique la chose est mesurable, mais seulement sur le long terme.
Bien sûr les statistiques seules ne suffisent pas, il faut les interpréter, mais un suivi statistique permettant une bonne traçabilité des jugements, serait sans doute un outil bien utile : de cette manière les juges qui font du bon travail pourraient être récompensés à la mesure de leurs efforts… et les autres se verraient proposer des formations, pour mieux gérer leur stress par exemple…