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coronavirus

  • Jeûner pour se sentir mieux



    Le jeûne, contre la peur de manquer

    Nous sommes nés dans une société d'abondance, où les échanges sont très développés, et le commerce intense. La publicité nous pousse à sans cesse acheter, détournant notre attention de ce que nous avons déjà, pour la focaliser sur ce qui nous manque. Ainsi se développe la culture du manque : "quoi, vous n'avez pas encore acheté le dernier Iphone ? Vous n'avez pas encore le robot qui fait la cuisine à votre place ? "

    Quoi de mieux que le jeûne pour nous rappeler de temps en temps, que nous pouvons nous contenter de peu ?

    En matière de jeûne, j'ai fait mes premiers pas à 25 ans, alors que j'étais sujet à des angines et que "par hasard" j'avais rencontré Bernard, un adepte de cette pratique. Il faut dire que dans mes années de jeunesse, je n'avais pas une bonne santé. A l'école s'il y en avait un de malade, c'était toujours moi, et plus tard quand je me suis marié, ma belle-mère était très inquiète, elle me trouvait toujours mauvaise mine. Sans doute qu'elle aurait désiré pour sa fille, quelqu'un de plus solide que moi...

    Bernard était père de plusieurs enfants dont l'un était trisomique. Avec sa femme, ils avaient cherché tous les moyens d'apaiser leurs difficultés, et connaissaient fort bien l'art de se nourrir. Ils m'ont demandé ce que je mangeais pour être malade aussi souvent : "trop de sucre, trop de yaourts, m'ont-ils expliqué". Puis ils m'ont conseillé le jeûne.

    Comme je suis de culture paysanne, ce n'était pas facile pour moi au début, et j'ai commencé par sauter un repas de temps en temps, puis deux, puis trois : rapidement mes angines ont cessé.

    La difficulté quand on jeûne, c'est que le mental vient sans arrêt vous harceler. Il a commencé tout au début, lorsque je n'en étais encore qu'à sauter un repas ou deux. Dès que je sentais la moindre fatigue, il venait me dire à l'oreille "c'est parce que tu n'as pas mangé". Si j'avais sommeil avant l'heure, il insistait : "tu vois bien que tu as besoin de manger !". Et si par malchance je faisais une erreur, il se moquait de moi : "évidemment ! le jeûne ne te réussit pas !".

    Mais comme j'avais besoin de guérir, ses recommandations n'ont pas suffi à me faire abandonner. Ou plus exactement, ses stratégies ont parfois réussi à me faire fléchir, mais pas toujours. Au début, c'était un combat perpétuel entre le mental agitant la peur du manque, et la volonté de m'en sortir. Mais avec l'habitude, il devenait de plus en plus clair pour moi que ses jugements étaient faux : il se trompait, il me trompait.

    A l'époque je prenais encore quelques médicaments lorsque j'étais malade. Jusqu'au jour où ma jeune épouse s'est écrié : "mais arrêtes donc ces médicaments !" J'étais éberlué parce que, autour de moi, tout le monde était persuadé que les médicaments sont, de toute évidence, INDISPENSABLES. Mais elle, avait perdu sa sœur suite à un usage immodéré des antibiotiques, auxquels son corps s'était si bien habitué, qu'ils n'ont pas agi le jour où elle en a eu vraiment besoin.

    Et c'est ainsi que j'ai arrêté net la prise de médicaments, les remplaçant d'abord par de l'homéopathie, puis finalement, par RIEN... Je ne me suis pas lancé tout de suite dans des jeûnes longs parce que, de toutes façons même en deux jours, je pouvais déjà me débarrasser de tous les petits tracas de la vie quotidienne : maux d'estomac ; maux de tête ; rhume ou angine ; petite inflammation ; bouton sur le nez ; mal de dos, etc...

    Dès lors la question qui vient naturellement est celle-ci : "comment se fait-il qu'on puisse guérir pratiquement Tout, à partir de Rien ?" Je n'en avais aucune idée à l'époque, mais ça fonctionnait bien pour moi, et cela me suffisait.

    Aujourd'hui on sait pourquoi ça marche : le corps fabrique sans cesse de nouvelles cellules, qui se nourrissent des cellules mortes, en recyclant leurs composants. Ce processus s'appelle l'autophagie (se manger soi-même), il a été découvert par le Docteur Christian de Duve, un biochimiste belge, ce qui lui a valu le prix Nobel de médecine en 1974. Or l'autophagie est accélérée par le jeûne, comme l'a démontré ensuite en 2016 un autre prix Nobel de médecine, le Docteur Yoshinori Ohsumi. En effet en l'absence de nourriture extérieure, les cellules en cherchent à l'intérieur du corps et font feu de tout bois, assainissant du même coup l'organisme. Naturellement, les virus sont les premiers à passer à la casserole, de même que les bactéries inutiles. Les vieilles cellules sont également recyclées plus vite. Cliquer ici pour voir la vidéo qui résume ces processus.

    Imaginons un instant le dialogue entre deux cellules durant un jeûne :

    _ Il paraît qu'arrive un nouveau virus, et il est très contagieux !

    _ Ha quelle bonne nouvelle ! Et comment s'appelle-t-il ?

    _ Je crois que c'est le Coronavirus, ou un nom comme ça...

    _ Génial, on va enfin avoir à manger !

    _ Il paraît qu'il est bourré de protéines

    _ Super, les protéines c'est nourrissant !

    Dialogue à prendre au second degré naturellement...

    Quand la maladie survient ou quand on se sent fatigué sans raison, il est bon de jeûner. C'est très efficace ! Même si c'est difficile à croire dans notre civilisation où quand tu vas mal, on te dit toujours que c'est parce qu'il te manque quelque chose. Quand ce n'est pas le médecin, c'est le naturopathe qui se creuse la tête, pour savoir quoi ajouter à ton régime : des minéraux ? des vitamines ? des oligo-éléments peut-être ? du fer, du zinc, du cuivre, de l'or, de l'argent... des pilules, des gélules, des capsules...

    Et si c'était l'inverse ? Dans notre civilisation d'abondance, peut-on faire l'hypothèse que les malaises que l'on observe surviennent surtout lorsque nous avons consommé trop de quelque chose ? Trop de sucre, trop de café, trop de vin, trop de cigarettes, trop de chocolat ? Trop de ces petites choses qui nous consolent et que nous consommons comme des aliments, oubliant volontairement que ce sont des drogues douces. Ou alors trop de gras, trop de viande, trop de nourriture en général.

    Je ne dis pas que les compléments alimentaires sont inutiles, mais normalement, si notre nourriture est bonne, elle contient déjà ce qui nous est essentiel. Je ne dis pas que les médecins ou les naturopathes se trompent, mais mon intime conviction, c'est que le jeûne est tellement efficace, plus rapide et meilleur marché que n'importe quelle autre méthode, que ce serait dommage de passer à côté. Quitte à compléter ensuite par un autre traitement.

    Il ne faut pas concevoir le jeûne comme une privation, mais plutôt comme une pause, un repos alimentaire. On est souvent surpris du temps libre qui nous est accordé lors de cette pause : pas de cuisine à faire, ni de vaisselle ni de courses : on gagne un temps phénoménal. C'est effarant de réaliser tout d'un coup la somme d'énergie que l'on consacre à la nourriture.

    Mais souvent au début il faut occuper ce temps, sinon le mental, qui comme chacun sait a horreur du vide, en profite pour le remplir de ses commentaires. C'est pour cela que dans les stages de jeûne, on incite les gens à marcher, à se promener dans la nature. On peut aussi en profiter pour lire, prendre du temps pour soi. Souvent, on découvre que la nourriture a été utilisée non pas tant pour nourrir le corps, mais plutôt pour remplir un vide émotionnel.

    D'où vient donc ce vide ? On retrouve ici la peur de manquer. Inscrite en nous, sûrement, depuis la nuit des temps. Réactivée par la vie moderne.

    Alors le jeûne est une bénédiction, il nous fait redécouvrir nos forces primaires : nous pouvons tenir longtemps sans manger... nous pouvons même marcher, courir : les hommes préhistoriques le faisaient ! Le jeûne nous montre que nous sommes beaucoup plus autonomes qu'on l'avait cru jusque là... beaucoup plus autonomes qu'on nous l'avait dit, aussi bien pour agir que pour guérir. Au bout d'un moment, le jeûne nous rassure, apaisant la peur du manque.

    Régis Fagot-Barraly

    Ma méthode personnelle :

    Au fil du temps j'ai évidemment mis au point ma propre méthode, qui consiste à ne rien manger du tout durant plusieurs jours, en buvant de l'eau seulement un jour sur deux... J'imagine nos cellules, toutes ensemble, comparables à une éponge gorgée d'eau (70% d'eau dans notre corps). Or que fait-on pour nettoyer une éponge ? On la presse, puis on la trempe dans l'eau, on la presse à nouveau, et ainsi de suite... Avec un peu d'habitude la méthode permet d'obtenir très vite une détoxification profonde, sans être trop difficile à suivre.